Bordeaux Aquitaine Marine

Chronique du 18e siècle

Novembre 1769 - Tempête à Bayonne

extrait du journal luxembourgeois "La Clé du Cabinet", janv. 1769

On a essuyé pendant quatre jours à Bayonne une tempête qui a duré depuis le 20 Novembre jusqu'au 25. La rivière de l'Adour & la Nive se sont débordées & ont inondé les plaines : la crue des eaux a endommagé les ouvrages faits à la Barre & a fait écrouler les maisons du Boucaut. Les eaux de la mer font entrées dans la Ville de Saint-Jean-de-Luz & y ont détruit plu¬sieurs maisons. Un Navire Marchand sorti du Port de Bayonne, a échoué sur un banc de sable à la côte d'Anglet : on l'a déchargé aussitôt & on en a coupé la mâture dans le dessein de le relever en tems calme, mais la marée du 03 au 24 l'a heureusement introduit dans le Port , dont l'entrée est très-difficile. Un autre Navire, parti de Bordeaux le 10 pour l'Amérique & commandé par le Capitaine Minvielle , fit naufrage le 24 sur la côte de Fontarabie où il avoit mouillé ; un violent coup de mer l'ouvrit & presque tout l'Equipage & les Passagers eurent le malheur de périr, avec l'infortuné Capitaine Minvielle qui, se sauvant à la nage, était prêt à gagner terre lorsque la chaloupe passa sur lui & le fit enfoncer.

4 oct. 1793 - Le cotre le Dragon

extrait de Troude, O. batailles navales de la France – Challamel Ainé, Paris, 1867 Le capitaine Brice, du cotre de 10c le Dragon, se trouvant, dans la soirée du 4 octobre, à 30 milles de l'embouchure de la Gironde avec des vents d'Ouest, aperçut un lougre de 12c sur lequel il laissa porter et qu'il atteignit à 6 heures. Sans que ni l'un ni l'autre eussent arboré leur pavillon, ces deux bâtiments engagèrent une escarmouche que la nuit interrompit presque aussitôt et ils se perdirent de vue. La précipitation avec laquelle cet inconnu s'était retiré du feu dès que cela lui avait été possible, fit regretter au capitaine Brice d'avoir perdu ses traces. Sa disparition presque subite lui fit soupçonner que, pour s'éloigner plus promptement, il avait laissé porter, et il arriva lui-même de deux quarts. A 9h, il était à portée de voix de ce lougre avec lequel il engagea une nouvelle canonnade; trois bordées à mitraille le firent encore battre en retraite et la nuit était si obscure qu'il parvint à se dérober une seconde fois aux coups du Dragon. Celui-ci continua sa route.

1793-1811 - Bayonne & St Jean-de-Luz

Extrait du livre de Napoléon Gallois - Les Corsaires français sous la République et l'Empire, Paris, 1847, page 450 et suiv. II faut que je me borne aussi pour Bayonne et Saint Jean-de-Luz, à une rapide et sèche énumération des croiseurs de ces deux ports. En mars 1793, deux prises, dont une estimée 500,000 fr., entraient à Bayonne : « Les capitaines-corsaires de Bayonne, disait alors le Moniteur, sont convenus entre eux de respecter les propriétés particulières des équipages qu'ils prendront ». Pillot, Bailly, Garat, Desmolandes, Lacaze Rauly, Etchebaster, Laxargue, Valence, Linabe, Portalo, Hiriard, Larreguy, Haguet, Doussinagne, Lamothe, Nicolas, Gonzale, Bertrand, Laborde, Lauzuc, Maleck, d'Albarade, Hérygoyen, Bertau; tels sont les braves loups de mer qui, de 1793 à 1811, comptèrent presque autant de victoires que de combats, et promenèrent triomphalement, sur des navires de Bayonne et de Saint- Jean-de-Luz, les couleurs de la France républicaine et impériale.

30 août 1796 - La frégate Andromaque à Biscarosse

extrait de Troude, O. - Batailles navales de la France – Challamel Ainé, Paris, 1867 Une voie d'eau considérable ayant forcé le capitaine Morel (Dominique), de la frégate de 36c l'Andromaque, à quitter une division dont il faisait partie et qui était en croisière dans le golfe de Gascogne, cet officier se dirigea sur Rochefort. Il n'était plus qu'à quelques milles de ce port lorsque, le 30 août, il fut chassé par la division du commodore anglais sir John Borlase Warren et obligé de courir au Sud pour chercher une autre relâche. Bientôt il eut la certitude de ne pouvoir atteindre un abri avant d'être joint. Il prit alors un parti extrême : il jeta l'artillerie à la mer et mit l’Andromaque à la côte à Biscarosse, à quelques milles du bassin d'Arcachon, dans le département de la Gironde, et dès qu'elle fut échouée, il fit couper la mâture. La frégate, ainsi allégée, approcha très-près de terre. Il la fit alors évacuer et l'équipage put gagner le rivage, à l'exception d'une vingtaine d'hommes qui trouvèrent la mort dans les flots. Le capitaine Morel, par une sévérité de principes difficile à expliquer, resta à bord avec deux officiers et deux marins qui ne voulurent pas le quitter. Ils furent tous les cinq faits prisonniers par des canots anglais détachés pour incendier l'Andromaque.
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