Bordeaux Aquitaine Marine

Guerre civile sur l’estuaire - 1573

- A partir de 1569, Blaise de Montluc confie à Louis de Lurs Saluce, vicomte d'Uza, la défense de l'estuaire contre les huguenots.

Il lui donne comme adjoint Dominique de Gourgues. La période que nous allons découvrir ici est le début de l'année 1573. Nous

sommes en pleine guerre civile entre catholiques et huguenots.

- Les extraits de lettres qui suivent proviennent des Archives Impériales et plusieurs ont pour origine les archives de la maison

de Lur-Saluces, transcrites par M. Théodore de Pichard. Les commentaires ont été écrits pour leur édition de 1868 dans le tome

10 des "Archives Historiques dudépartement de la Gironde".

- L'orthographe du document de l'époque a été intégralement respecté. Cela peut obliger ponctuellement le lecteur à des

interprétations.

13 novembre 1572.— Charles IX mande à Louis de Lur (1) qu'il ait à prendre le commandement des vaisseaux ronds qui seront

employés au siège de La Rochelle, le baron de La Garde, amiral en chef, étant suffisamment occupé de la direction des galères.

Monsieur d'Uza,

d'aultant que j'estime que mon cousin, le baron de La Garde,sera durant les présentes occasions beaucoup occupé à ses gallères

et ne pourroit facillement porter la peine et travail requis pour commander entièrement à tous les vaisseaux, je luy mande sur la

parfaite asseurance que j'ay de vostre valleur, affection et fidelité, qu'il vous choisisse et crée pour commander soubz luy aux

vaisseaulx rondz, ce qu'il fera et dont je seray très aise; m'attendant que vous ne tromperez l'espérance que j'ay de recevoir de

vous ung bon service. Ainsi donc, vous demourerez et vous tiendrez, pour commander ausdits vaisseaux rondz et ferez ce qu'il

sera nécessaire, dont j'auray tout contentement. Priant Dieu vous avoir, Monsieur d'Uza, en sa garde sainte.Escrit à Paris, le XIIIe

jour de novembre 1572.

CHARLES.

(1) Pierre III de Lur, vicomte d'Uza, seigneur de Salles, Belin, etc., fils de Pierre II et d'Isabelle de Montferrand, dame d'Uza, épousa,

le 4 juin 1522, Jeanne d'Aubusson, veuve de Foucaud de Pierre-Buffières, et le 9 mai 1533 Nicole de Lisle, dame de Castets-en-

Dorthe, de Monadey, etc. Pierre de Lur fut nommé, le 16 août 1512, gouverneur de Saint-Sever; il fut gentilhomme de l'hôtel des

rois Louis XII, François 1er et Henri II. Il fit son testament le 18 avril 1549.

Louis de Lur était fils de Pierre III et de Nicole de Lisle ; il épousa, le 12 janvier 1552, Marie de Montferrand de Cancon ; fit son

testament le 27 juillet 1572, et mourut au siège de La Rochelle, le 8 juin 1573, âgé de trente-huit ans, ayant engagé tous ses biens

pour le service de la flotte qui lui avait été confiée. C'était, dit l'historien de Thou, "un très bon officier de terre et de mer".

Moulue parle souvent de lui dans ses commentaires.

13 novembre 1572. — Le duc d'Anjou écrit à M. de Lur pour le féliciter d'avoir reçu du Rov le commandement des navires ronds.

15 décembre 1572. — Le duc d'Anjou mande à M. de Lur de livrer au marquis de Villars quatre petits canons.

15 janvier 1573. — Le vicomte d'Uza écrit au duc d'Anjou que le baron de Lagarde ne lui ayant pas envoyé l'argent qu'il lui a

promis, il ne peut encore donner les quatre canons qu'il lui demande.

MONSEIGNEUR,

Je receu tard soir les lettres, qu'il vous a pleu m'escripre, par lesquelles il vous plaist me commander de delyvrer à monsieur

l'admiral quatre canons qui sont dans les navires, ce que j'eusse promtement faict si j'eusse esté en la charge qu'il vous a pleu me

faire donner du Roy, en laquelle, retenu par monsieur de La Garde, qui de jour à autre me mande qu'il m'envoyera de l'argent

pour paier les hommes et advitailler les navires qu'il veult que je lui mène. Toutesfois, je n'en ai rien veu jusques icy, et pour la

craincte que j'ay qu'il m'y laisse si longuement que j'en demeure hors de moien de vous faire quelque bon et très humble service

au siege de La Rochelle, je vous supplie tres humblement, Monseigneur, me faire ce bien d'escripre à monsieur de La Garde qu'il

m'envoye de l'argent pour y mener les navires et hommes que j'ay icy, lesquels j'emploieray si bien que je m'asseure,

Monseigneur, vous donner occasion vous en tenir pour bien servy.

Supliant Dieu, Monseigneur, vous donner en très bonne santé très heureuse, très longue et très bonne vie et prospérité.

De Bourdeaulx, ce xve janvier 1573. Vostre très humble et très obeyssant serviteur.

UZA.

21 janvier 1573. — Le vicomte d'Uza demande au duc d'Anjou de l'autoriser, parécrit, à exécuter l'entreprise dont il lui a parlé.

MONSEIGNEUR,

Ce present pourteur a propozé une entreprise au Roy, pour laquelle exécuter S. M. l'a renvoyé vers M. de Biron, voulant

toutesfois, s'il la trouvoit raisonnable, que j'en finsse l'execution. Ledict sieur de Biron m'en escripvant en remect à mon opinion

l'execution, laquelle, toutesfois, il trouve assez dificile pour avoir affaire à des hommes bien fort soubzsonneulx, et par ce,

Monseigneur, que de là depend le hasard de beaucoup d'hommes, il m'a semblé n'estre raisonnable que la chouse dependist de

ma resolution, qu'est occazion que je vous supplie très humblement, Monseigneur, vouloir entendre cedict present pourteur, et si

vous trouvez que ce soit chouse qui se doyve entreprendre pour le service du Roy et vostre, je vous supplie tres humblement le

me vouloir absolument commander, vous asseurant, Monseigneur, que sans excuse ne delay je y metteray fin, ou il me coustera la

vie; laquelle je tiendray par trop bien emploier, me faisant cest honneur de me donner ledict commandement ; et s'il vous plaist

d'en vouloir ouyr et discourir M. de Montluc, je panse que vous ne trouverez pas qu'il y ayt grand inconveniant de tanter quelque

chouse par cest endroict. Qu'est où je supplie Dieu, Monseigneur, vous donner en très bonne santé trèsheureuse et très longue et

bonne vie et prospérité.

De Bourdeaulx, ce xxie. janvier 1573, Vostre très humble et très obeyssant serviteur.

UZA.

22 janvier1573. — Le duc d'Anjou prévient M. de Lur que pour lui faciliter les moyens de se rendre plus tôt auprès de M. de

Lagarde, il vient d'écrire et de faire écrire par M. de Masparault à M. le général Gourgues d'avoir à lui fournir tout ce qui sera

nécessaire à l'équipement de son navire.

27 janvier 1573. — Le vicomte d'Uza se plaint au duc d'Anjou du refus des généraux des finances de lui livrer l'argent qui lui est

nécessaire.

MONSEIGNEUR,

II vous a pleu me faire ce bien demander par M. de Masparrault au général Gourgues de me delivrer huict mil livres pour

l'équipage de mon navire, ce qu'il n'a voulu faire, parce qu'il n'aparoissoit par escript, et que par la lettre qu'il vous a pleu luy en

escripre la somme n'estoit especiffiée. Aussi qu'il dict qu'il n'a poinct d'argent de sa charge, qui me faict vous supplier très

humblement, Monseigneur, d'en vouloir escripre au general Gascq, et luy vouloir commander me fere delivrer ladicte somme à

M. Ramond Duburg, recepveur general des finances de Guyenne, mais il fault, s'il vous plaist, Monseigneur, que voz lettres

pourtent contraincte.

Je ne faudray incontinant avoir receu ledict argent de partir et m'en aller devant La Rochelle, où j'espère vous y faire quelque bon

et très humble service et m'y tenir prest d'executer tous les commandements de quoy il vous plaira m'y honnorer; à quoy je

n'espargneray le hasart de ma vie, ni chouse qui en depende, comme estant vostre très humble serfz et serviteur. Qu'est où je

supplie Dieu, Monseigneur, vous donner en très bonne santé très heureuse longue bonne vite et prospérité.

De Bourdeaulx, ce xxviie. janvier 1573.

Vostre très humble et très obeyssant serviteur,

UZA.

28 janvier 1573 - LETTRE du sieur de Gourgues au duc d'Anjou. - Bibliotlièque impériale : Manuscrits : Fonds français, 15556, p.

200 - M. de Gourgues promet au duc d'Anjou de s'efforcer de découvrir ce dont il l'a chargé de s'informer ; il proteste de son

dévouement; dit que, d'après les ordres du duc d'Anjou, il fournira au vicomte d'Uza ce qui sera nécessaire pour l'équipage de son

navire.

MONSEIGNEUR,

J'ay receu la lettre qu'il vous a pleu m'escrire de Poictiers du xxve de ce mois. Je ne feray faulte de despecher incontinant exprès

pour descouvrir ce dont il vous a plus me donner commandement, en quoy, Monseigneur, j'espère qu'il sera faict tel devoir et

diligence que vous en aurez contentement, comme j'employe tousjours ma personne et tous mes moyens pour le service du Roy

et le vostre, selon qu'il vous plaira me fere cest honneur de me commander.

Monseigneur, le porteur de vostre dicte lettre m'a aussi faict entendre que luy aviez commandé me dire que je fournisse à

monsieur le visconte d'Uza ce qui luy serait necessaire pour l'équipaige de son navire, à quoy je satisferay, Monseigneur, suyvant

vostre intention, pour l'affection que j'ay au service de S. M. et vostre, en atendant qu'il vous aye pleu de pourveoir à ce dont

ledict sieur visconte d'Uza et moy vous avons escrit pour ce regard, suppliant en cest endroict le Créateur vous donner,

Monseigneur, en toute prospérité, très heureuse et longue vye.

Vostre très humble et très obéissant serviteur,

De GOURGUES.

De Bourdeaux, ce xxviiie de janvier 1573.

28 janvier 1573 - LETTRE du sieur de Gourgues à M. de Biron.-Bibliothèque impériale : Manuscrits : Fonds français, 15556, p. 247.

M. de Gourgues se plaint à M. de Biron de l'ordre que lui a donné M de Lagarde de se retirer devant les dix-sept navires anglais

qui sont attendus à La Rochelle. Il dit noblement qu'il vaut mieux combattre et essayer d'empêcher ces navires d'entrer dans le

port.

MONSIEUR,

Monsieur de Lagarde m'a envoyé à dire presentement qu'il doit arriver à nuyt dix-sept navires de guerre d'Angleterre pour entrer

dans La Rochelle, et m'a commandé soubdain que les verré, me mectre à la voille et m'en aller en Brouaige, ce que je ne veulx

faire sans vous enadvertir, et, à ce que me semble, l'honneur nous commande de n'abandonner si paoureusement la rade, et s'il

vous plaict commander aux autres deux navyres de se tenir au prez de moy et leur bailler des soldatz, nous les combatrerons et

enpescherons, si les galleres veullent faire leur debvoir, qu'ils n'y entrent poinct. Je vous prye très humblement m'envoier vostre

volonté, laquelle j'executeray sans nulle difficulté. L'argousin qui m'est venu advertir de la part de monsieur de Lagarde (dit) qu'il a

commandé aux autres navires de s'en aller eschouer sur les vazes, qui me semble que ce sera une grande honte de perdre ces

deux navires, et j'estime que le sieur de Lagarde s'en va à Brouaige. Mandez moy, s'il vous plaict, ce que vollez que je fasse, et en

ces endroict je priray Dieu, Monsieur, vous donner très heureuse et longue vye.

Vostre très humble et très obéissant serviteur,

De GOURGUES.

De Chedebour, ce dimanche.

30 janvier 1573. — Le duc d'Anjou prévient le vicomte d'Uza qu'il n'approuve pas l'entreprise dont celui-ci lui parlait dans une

lettre du 21 janvier, et l'invite à renvoyer les bateaux réunis pour cette entreprise, et de les joindre avec ses autres vaisseaux à la

flotte réunie devant La Rochelle.

31 janvier 1573. — Le duc d'Anjou ayant appris que le vicomte d'Uza a besoin d'argent, et ne voulant pas qu'il manque pour si

petite occasion un si beau chemin de faire les services dont on sait qu'il a très bonne volonté, lui mande qu'il écrit en même

temps au général des finances à Bordeaux, pour qu'il ait à lui fournir jusqu'à quatre mille livres. Le prince ajoute qu'il avait

précédemment écrit de fournir huit mille livres; mais que cette somme étant malaisée à trouver promptement, il l'a réduite de

moitié pour éviter tout retard.

2 février 1373.— Le duc d'Anjou insiste pour que le vicomte d'Uza parte immédiatement avec son vaisseau, si les cinq autres qu'il

prépare ne sont pas entièrement équipés : il peut laisser un gentilhomme capable d'achever l'armement et de conduire ces

vaisseaux. Il a mandé aux généraux de Bordeaux de lui fournir jusqu'à 30,000 livres.

18 février 1573 - LETTRE du vicomte d'Uza au duc d'Anjou.

Monseigneur, Il fust hier arresté six navires anglois, parce qu'ilz prenoient le droict chemin de La Rochelle. Toutefois, ilz disent

qu'ilz venoient ancrez au près de l'armée. Il y en a trois charges de bled; parce que c'est chouse qui pourroit servir à vostre camp,

je ne les ay voulu relacher, que premierement je ne seusse vostre volunté et receu le commandement qu'il vous plaira m'en fere.

Je les ay fort interrogez sur l'assemblée que font les François en Angleterre.

Ilz m'ont tous asseuré, l'ung à part l'autre, qu'ilz n'ont ouy dire qu'il y eust autres navires armés que à l'isle de Uit (?) ou il en y

auroit douze, tant François que Flamens, lesquelz auroient prins quelques Bertons chargés de bled, et que tant pour ceste plaincte

que pour d'autres que la reyne d'Angleterre en avoit heu, elle commanda qu'on les fist desrader dudict lieu, ce qu'ilz firent à coup

de canon, et s'en vindrent de la à Plimus, où les habitanz leur oustarent deux navires. Les autres sont en mer, et pansent lesdictz

Anglois les avoir trouvez près du Congnest en Bretaigne ; qu'est tout ce que j'ay peu aprendre d'eulx et de deux jeunes garsons de

Bourdeaux qui sont dans leurs nabires; qu'est l'endroict où je supplie Dieu, Monseigneur, vous donner, entrès bonne santé, très

heureuse, très bonne longue vie et prospérité.

Vostre très humble et très obéyssant serviteur,

UZA.

De Chedebour, ce xviiie febvrier 1573.

22 février 1573. — Le duc d'Anjou est bien aise que M. d'Uza ait rencontré six navires anglais chargés de vivres. Il ne doute pas,

malgré la déclaration des capitaines, que ce convoi ne fût destiné à ravitailler les assiégés. Toutefois, il veut bien prendre pour un

coup leurs raisons en paiement, et donne ordre au commissaire des vivres de s'aboucher avec eux pour traiter de gré à gré l'achat

de leurs cargaisons.

26 février 1573. — Le duc d'Anjou a vu la lettre écrite par le vicomte d'Uza au maréchal de Cossé, et le félicite de ses bonnes

dispositions en l'invitant à venir le trouver pour chose qui importe au service de Sa Majesté. Il lui mande par postscriptum de

tenirprêtes les huit pataches pour se venir incontinent rendre prés la caracque.

7 mars 1573. — Le duc d'Anjou écrit au vicomte d'Uza d'envoyer à La Rochelle le plus grand nombre possible de bateaux chargés

de pierres, et de les mettre à la disposition du sieur Alphonso Lazaro, chargé de la direction des travaux.

10 mars 1573. — Le duc d'Anjou donne des instructions relativement au mouillage des sept ou huit bateaux destinés à parachever

de boucher le port de La Rochelle.

12 mars 1573. — Le duc d'Anjou demande au vicomte d'Uza de choisir huit marins expérimentés et de les placer sur des clochers

pour signaler le plus tôt possible l'approche des navires.

31 mars 1573. — Le duc d'Anjou transmet au vicomte d'Uza une lettre du duc deNevers, qui demande une grande quantité de

barques pour transporter 10.000 fascines, qui sont aux bords de la Charente. Le prince invite le vicomte d'Uza à expédier à Saint-

Martin de Rhé une patache pour ramasser tous les bateauxdisponibles.

13 avril 1573. — Le duc d'Anjou ayant été informé par le vicomte d'Uza de l'approche de trente navires destinés à secourir les

assiégés, l'invite à se tenir prêt, lui et tous les autres capitaines de navire, à combattre cette flotte, de façon que ce secours ne

puisse entrer; et comme M. d'Uza ne dispose pas d'assez de forces, le prince a ordonné de lui envoyer les navires des capitaines

Branthomme et Nattré, et il enjoint au commissaire Rouzé de fournir les vivres nécessaires. Il ne veut pas, du reste, que le vicomte

d'Uza bouge des vaisseaux, où sa vertu et vaillance sont nécessaires, pour aller prendre part à l'assaut général qui doit se livrer,

malgré le désir qu'il en a exprimé.

16 avril 1573. — Le duc d'Anjoumande au vicomte d'Uza de mettre à la disposition du sieur de La Gombaudière deux vaisseaux,

afin que celui-ci puisse achever de combler le port de La Rochelle.

Mons. le vicomte,

d'autant qu'il est requis et nécessaire pour le service du Roy, monseigneur et frère, d'avoir encore quelques vaisseaulx pour

eschouer et parfaire le comblement du port, j'ay commandé au sieur de La Gombaudiere de s'acheminer es isles d'Olleron,

Brouage, Albert et Marennes, et y amasser le plus grand nombre de vaisseaulx qu'il y pourra trouver pour ledit comblement. A

ceste cause, je vous prie luy tenir demain de grand matin pres la Realle deulx pataches touttes prestes à faire voille, afin qu'il

puisse promptement executer sa charge, et n'estant la présente à aullre effect, je feray fin en priant Dieu vous avoir, monsieur le

vicomte, en sa très sainte et digne garde.

Escript au camp devant La Rochelle, le xvie jour de mars 1573. Votre bon amy, HENRY.

5 avril 1573. — Le duc d'Anjou invite Louis de Lur àconfier une patache à Francisco Torre, pour aller en éclaireur à la découverte

des ennemis.

Monsieur le vicomte, mon cousin le duc d'Uzès m'a présenté ce pourteur, Francesco Torre, lequel s'est offert avec une patache de

se mettre en mer et aller descouvrir les ennemys quelque part qu'ils soient, pour en rapporter nouvelles. C'est chose qui ne sera

que très à propos et peult beaucoup servir. Au moien de quoy, je vous prie luy faire bailler une patache, de celles qui sont en

vostre armée, pour satisfaire à ce qu'il promet, dont je pense qu'il rapportera le fruict que je desire, puisqu'il m'a été baillé de si

bonne main. Priant Dieu, monsieur le vicomte, vous avoir en sa garde.

Escript. au camp de La Rochelle, le ve. jour d'avril 1573. Votre bon amy, HENRY.

9 avril 1573. — Le duc d'Anjou invite le vicomte d'Uza à se tenirtoujours sur ses gardes et à profiter des renseignements que lui

avait donnésle capitaine Talhars.

12 avril 1573. — Le duc d'Anjou ayant appris par le sieurde Beaulieu que le vicomte d'Uza avait fait arrêter quelques vaisseaux

chargés de blés, invite ce dernier à faire conduire ces vaisseaux à Marans et à payerces vivres de gré à gré.

16 avril 1573. — Le duc d'Anjou informe Louis de Lurde la prochaine arrivée d'un secours destiné aux assiégés de La Rochelle, et

lui demande s'il a besoin de renfort en hommes ou en munition de guerre.

Monsieur le viscomte, oultre les advis que j'ay receus ces jours passez et queje vous ay communiqués, je suis maintenant adverty,

de lieu bien asseuré, que le secours des Rochellois par mer, est si près de nous, que dans demain, ou deux jours au plus tard, vous

l'aurez sur les bras. A ceste cause, je vous prye donner tel ordre à vostre faict que vous ne puissiez estre surprins et me mander

par ce courrier que je vous envoye exprès si vous auriez besoing de renffort d'hommes, de pouldre ou autre chose dont je vous

puisse faire promptement accommoder; et affin que par vostre industrie et bon devoir, ce dont je me tiens tout asseuré, le Roy,

mon seigneur et frère, puisse avoir de cette entreprise l'yssue que j'en ay tousjours esperée. Priant sur ce Nostre-Seigneur vous

avoir en sa sainte garde.

Escript au camp de Nyeul, cexvie. jour d'avril 1573. Votre bon amy, HENRY.

16 avril 1573. — Le duc d'Anjou écrit qu'un navire anglais chargé de vivres, qui avait été pris, venait d'être déclaré de bonne prise,

et qu'il faut garder les vivres et utiliser le navire.

20 avril 1573. — Le duc d'Anjou écrit de s'opposer à rembarquement des gentilshommes qui, sans avoir été désignés par les

maîtres de camp, voudraient monter sur les navires ; il annonce, en outre, l'arrivée de quelques renforts conduits par le capitaine

Clavet.

27, 28, 30 avril, et 9 mai 1573. — Le duc d'Anjou écrit encore plusieurs fois au vicomte d'Uza : de lui envoyer deux petits canons;

l'état exact des hommes embarqués; qu'il a appris par les navires anglais capturés les projets de Montgommery; qu'il doit

continuer à garder près de la caracque le nombre de pataches ci-devant fixé, etc.

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